mardi 30 septembre 2008

Les prépositions du Kama-sutra

Les prépositions introduisent un complément. C’est du moins ainsi, platement et rationnellement, qu’elles sont présentées dans les manuels scolaires de France et du Narbonnais. Et de nous servir l’éternelle mnémotechnie de l’adolescent fuguant précipitamment vers une province du royaume de Belgique : à, dans, par, pour, en, vers, avec, de, sans, sous. Qui s’amuse à ces galéjades ? Avec cela, on laisse des générations d’écoliers se disperser dans la nature en croyant que les prépositions sont seulement au nombre de dix. Ces pauvres petits sont alors totalement perdus dans leur vie quotidienne. Lorsque vous leur indiquez par exemple que leur soupe est sur la table, ils ouvrent une mâchoire bovine et tentent de planter leur cuiller dans l’air sous la table. N’est-ce pas un crime de réduire ainsi le vocabulaire de nos charmantes petites têtes blondes ? Ne voyez-vous pas, de plus, les dégâts que nous causons chez les adultes à venir, en bridant ainsi leur imagination ? Peut-on expérimenter la joie et un bonheur durable si l’on ne connaît que dix prépositions, que l’on ne parvient même pas à en concevoir d’autres ? Je vous le demande un peu.

Heureusement, les Indiens du Continent Asiatique, dans leur orientale sagesse, envisagent la chose d’une tout autre manière, propre à nous apporter l’illumination souhaitée : pour eux, l’important avec les prépositions n’est pas tant qu’elles introduisent un complément, mais plutôt comment elles l’introduisent. Ils n’hésitent jamais à varier les possibilités et ne se sentent limités que par leur fantaisie. Les prépositions peuvent ainsi servir à introduire le complément en se plaçant devant, à la façon « habituelle », mais aussi derrière, contre, hors de, entre, à côté de, en deçà de, touchant, au-dedans de, à l’entour de, au-dessus de, à l’insu de (celle-ci se nomme aussi "la belle endormie"), en dépit de, en sus de, outre, à travers, durant, au lieu de, sur, etc.

Certes, il en résulte une syntaxe parfois alambiquée, pour ne pas dire acrobatique, mais avouons qu’avec de tels procédés nos écoliers enrichiront rapidement leur lexique de prépositions et seront même avides d’en découvrir d’autres ! Vous les verrez inventer de nouveaux moyens mnémotechniques absolument hilarants tels que :

à, dans, entre, par, derrière, à défaut de, devant, de peur de, sans, sur.

Alors qu’attendons-nous, chers concitoyens, pour appliquer ces leçons hindoues et développer toutes les potentialités de notre belle langue française ? Allons-nous rester à la traîne d’un peuple qui se laisse envahir par des macaques ?

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